Cathy Alegria, Xerfi - Les perspectives des food courts en France - Stratégies et marchés - xerficanal.com | Veille Scientifique Agroalimentaire - Agronomie | Scoop.it

Mode passagère ou tendance de fond, les food courts prennent racine en France. C’est bien ce qu’illustre la multiplication de ces hyper lieux combinant restauration et divertissement depuis 18 mois à Paris et en régions. Et ce n’est qu’un début. Alors que l’Hexagone en compte déjà une vingtaine, au moins une quinzaine de projets sont dans les cartons, selon l’étude Xerfi-Precepta.


Trois modèles cohabitent aujourd’hui : les « incubateurs » qui ont valeur de test pour de jeunes restaurateurs, les « vitrines » qui associent grands noms du métier et jeunes restaurateurs débutants, et les « réhabilitateurs de lieux », c’est-à-dire des projets de halles gastronomiques s’inscrivant dans le cadre de projets immobiliers mixtes. Et l’intérêt des promoteurs, grands magasins, restaurateurs ou encore entreprises d’événementiel pour ces catalyseurs de flux de clients va croissant. Mais la fermeture du site Ground Control des Champs-Elysées en avril 2019, cinq mois après son ouverture, rappelle que leur succès peut être éphémère. Dans ce contexte, quels acteurs sont susceptibles de tirer leur épingle du jeu ?


Les promoteurs immobiliers semblent les mieux placés pour tirer profit de cet engouement ces prochaines années. Ils ne manquent pas d’atouts entre leur force de frappe financière, leur patrimoine foncier et le trafic généré dans leurs centres commerciaux. Des atouts qui leur confèrent les moyens d’aménager des food courts dans des espaces commerciaux existants ou bien de les intégrer dans des chantiers mixtes de réhabilitation urbaine. Les grands magasins peuvent aussi capitaliser sur la détention d’un patrimoine et des ressources clés pour élaborer de tels projets. Les sociétés de restauration et les acteurs de l’événementiel peuvent eux miser sur leur savoir-faire et leur légitimité dans leurs domaines respectifs de la gastronomie et de la communication/animation.


Surtout, alors que la restauration hors foyer est déjà un marché très embouteillé, les food courts risquent de se heurter à une concurrence intense et protéiforme : restauration traditionnelle et rapide, concepts snacking et restauration des GSA, boulangeries, commerces de bouche, épiceries spécialisées voire même foodtech de restauration virtuelle… Quelles seront alors les recettes du succès des food courts ? Plusieurs principes semblent incontournables comme la capacité à gérer une clientèle variée, à attirer des grands noms de l’univers culinaire ou encore à proposer des activités diversifiées. À court terme, il est probable que ce secteur naissant se diffuse à grande échelle dans les espaces commerciaux les plus dynamiques, à l’initiative des promoteurs.


En réalité, deux approches vont cohabiter. D’un côté, le concept de food court récupéré et industrialisé par des leaders du retail et de la restauration. De l’autre, des initiatives locales de food courts indépendants qui essaimeront dans les hyper-centres des grandes villes, conciliant découverte culinaire et animation culturelle. Deux logiques diamétralement opposées se dégagent donc, créant de facto un marché à deux vitesses en France.