Michel Valprémy, écrivain : Loin | Poésie Elémentaire | Scoop.it
Quel silence, enfin, intra-muros, à trois cloisons du

premier homme, à trois cloisons du bris des porcelaines, du tintouin des casseroles - un tel sabbat pour une soupe-minute! -, loin, loin des musiques indiennes, du tam-tam vaudou, loin du marteau et de l'enclume, du clou rivant le cercueil de nos anciens à bout de souffle, le cercueil des athlètes en maillot rosé, décharnés, rabougris, rétrécis du printemps au printemps, loin des rats crucifiés, des moutards fouettés pas pour rire, loin, loin, loin de la crécelle des ondes publiques, du babil des stars à une branche (j' te racont' pas - s'ils disaient vrai), loin des missels terroristes, croc pour croc, loin des jeux de cordes et de mitraille, de la rancune pierreuse du bon mari de naguère, à deux étages du dernier crève-la-faim (le clan est complet), à deux rues du bizness café-trottoir, cinq d'un amour frileux qui me fit confondre une fois encore la fourrure et le sel, loin des porches, des parvis, des brocantes sacrées et profanes, loin des musées sans poussière, sans chair ni diablerie, ailleurs, en repli, en deçà du nombre, au secret, au repos, loin de la lumière miraculeuse - jour et nuit - des marronniers de mars.